Le pragmatisme du politicien congolais

par Amory Lumumba 28 Mai 2019

Justifier une décision impopulaire n’est pas chose facile.

Gorge nouée, ton grave, regard fixe, la voix s’élève « je suis pragmatique ! ».

« Comprenez-vous ? J’aurais aimé ne pas avoir à en arriver là mais … au vu des circonstances … »

Au diable les idéalistes ! Au diable les architectes romantiques d’un renouveau imminent !

Cessez de vous méprendre, les bons sentiments n’ont pas leur place en politique. A l’instar des dunes de sables dans le désert, la politique est toujours en mouvement, ne pas s’adapter, c’est signer son arrêt de mort.

Oui, convoquer le pragmatisme dans une argumentation est une ruse bien connue permettant de se dédouaner moralement d’une décision.

Utilisé de cette façon, le pragmatisme permet de s’ériger en leader efficace qui aborde les problèmes de façon réaliste. Il ne réagit qu’en fonction de ce qui existe. Ce qui n’existe pas n’est pas. Ce qui n’est pas n’existe pas.

Pourtant, il est essentiel de cultiver la constance dans la pensée en politique. La prise de  position ne peut être au service d’une moralité à géométrie variable.

« Le pragmatisme est une doctrine selon laquelle n’est vrai que ce qui fonctionne réellement. »

Comme l’illustre cette définition, le pragmatisme ne nécessite pas de trahir ses idéaux sous prétexte que les circonstances demandent que l’on s’adapte.

Confrontons nos représentants, rendons les responsables de leur propos sur la durée.

Entendons nous bien, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas le droit de faire évoluer leurs opinions. Cela signifie qu’un homme politique se définit avant tout par ses valeurs. Les valeurs ne sont pas des opinions. Tout comme les fondations d’une maison, elles sont les garantes de la cohérence de l’ensemble.

Le vrai pragmatisme est la confiance que l’on a en nos idéaux et valeurs.

L’opinion politique peut varier. Les valeurs… jamais.

Amory Lumumba

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