Critique Littéraire : “How Dare The Sun Rise” de Sandra Uwiringiyimana

Book Review: "How Dare The Sun Rise" by Sandra Uwiringiyimana

par Vanessa Ngoma 16 Mar 2021

Vanessa Ngoma commente dans cet article le premier livre de l’écrivaine Sandra Uwiringiyimana.

Résumé

Publié en 2017, How Dare The Sun Rise (Comment le soleil ose-t-il se lever) sont les mémoires de Sandra Uwiringiyimana, une jeune fille Banyamulenge de la RDC, survivante d’un massacre et réfugiée à Rochester dans l’Etat de New York qui surmonte son traumatisme par l’art et l’activisme.

Dans son livre, Sandra raconte qu’en 2004, sa famille est forcée de fuir Uvira, cette grande ville du Sud-Kivu au bord du Lac Tanganyika, pour la dernière fois. 

“How Dare the Sun Rise – Memoirs of a War Child” Sandra UWIRINGIYIMANA

Arrivés dans un camp de réfugiés au Burundi, ils vivent dans des conditions indignes pendant deux mois jusqu’au jour où des rebelles Hutus font irruption dans le camp, armés de fusils et de machettes. 

Sandra n’a alors que 10 ans. Dans l’attaque, elle se retrouve un pistolet collé à la tempe, témoin oculaire du meurtre de sa soeur. Sandra survit alors même que les rebelles laissent dans leur sillage 166 morts et 116 blessés. 

Avec les autres survivants de sa famille et grâce à un programme des Nations Unies pour les réfugiés, Sandra quitte le Burundi pour les Etats-Unis. 

Critique Littéraire

J’ai lu le livre d’Uwiringiyimana dans le cadre du club de lecture de la plateforme Nkento. Nkento est une plateforme en ligne née de mon désir de contribuer à l’autonomisation des femmes congolaises grâce au networking.

Nkento est devenu un forum dédié à l’épanouissement professionnel et culturel des Congolaises. Le club de lecture de Nkento est principalement composé de femmes anglophones d’origine congolaise avec des parcours diversifiés bien que toutes férues de littérature. 

Nous nous retrouvons une fois par mois pour discuter d’un livre et invitons régulièrement les auteurs à se joindre à nous, c’est dans ce cadre que j’ai rencontré Sandra Uwiringiyimana.

Nous ne savions pas à quoi nous attendre en choisissant de lire How Dare The Sun Rise. Il n’y aurait pourtant pas pu avoir de meilleur livre pour démarrer l’aventure ! 

En effet, la majorité des membres du club de lecture ne connaissait ni l’histoire des Banyamulenges ni cet aspect de la guerre et des massacres à l’Est du pays. 

Si les mémoires de Sandra ne remplacent pas un manuel d’histoire ou de sciences politiques, elles ont au moins le mérite de donner un aperçu évocateur de son expérience personnelle de la guerre et de son parcours de réfugiée aux Etats-Unis.   

Sud-Kivu, République Démocratique du Congo

Avant toute chose, le livre d’Uwiringiyimana est une histoire de courage et de résilience. Je peux affirmer sans hésitation que Sandra est la femme la plus forte et courageuse que je connaisse. 

Plusieurs fois déplacée à cause de l’instabilité dans la région – surtout après que le conflit en 1994 entre les Hutus et les Tutsis du Rwanda voisin se soit répandu du côté congolais de la frontière – Sandra a grandi dans la peur. 

Une peur que les lectrices du Nkento book club, y compris celles qui avaient le même âge que Sandra à l’époque et habitaient ailleurs en RDC, ne connaissaient pas. 

Nous n’avions aucune idée de ce qui se passait. 

Au sein du même Congo, nous vivions des réalités radicalement différentes.   

Sandra a également fait preuve de ténacité lors de son arrivée aux Etats-Unis. Comme d’autres réfugiés, sa famille et elle se sont confrontés à l’apprentissage d’une nouvelle langue, d’une nouvelle culture. Ils ont dû faire un grand effort d’intégration au sein d’une nouvelle communauté. 

J’étais prise de court par notre ignorance du statut des réfugiés, surtout des réfugiés Congolais, aux Etats-Unis. Mais j’étais encore plus troublée de constater que nous ne savions rien du statut des Banyamulenges dans l’Est de la RDC. 

J’ai grandi dans une famille congolaise aux Pays-Bas et, avant de lire ce livre, je n’avais jamais entendu parler des violences dont les civils Banyamulenge ont été victimes.

Le livre de Sandra a enfin donné une voix à ces familles de civils Banyamulenge qui sont victimes de la guerre tout en expliquant le combat mené par ce groupe pour être non seulement reconnus mais également perçus comme des Congolais plutôt que comme des étrangers Rwandais. 

Il est impossible dans le cadre de cet article, même en mettant en avant le témoignage puissant de Sandra, de mettre en relief toutes les facettes de l’histoire de la guerre à l’Est et, si vous êtes intéressés, je vous conseillerais de commencer par la lecture du rapport Mapping ici

Mais pour conclure, je dois admettre que le livre de Sandra marque un tournant pour moi. J’ai mesuré à la lecture de ces mémoires ma méconnaissance des complexités de la guerre dans mon pays et j’ai découvert un pan de l’Histoire dont j’ignorais tout.

Je sais désormais qu’il faut faire retentir ces voix, ces voix courageuses, résilientes, et pourtant si peu entendues, des victimes Congolaises de la guerre dans toute leur diversité. 

Vanessa Ngoma

POUR EN SAVOIR PLUS :

Suivez la conversation du club de lecture Nkento avec Uwiringiyimana :

 

Vanessa Ngoma reviews, in this article, Sandra Uwiringiyimana’s first book. 

Summary

How Dare The Sun Rise is Sandra Uwiringiyimana’s memoirs. Published in 2017, this book tells Uwiringiyimana’s story: a Banyamulenge girl from the Democratic Republic of Congo (DRC), a survivor of a massacre, a refugee, who then resettles with her family in Rochester, New York, and overcomes her trauma through art and activism.

In her book, Sandra explains that her family fled their hometown of Uvira, a large city in South Kivu on the shore of Lake Tanganyika in 2004 and landed in a refugee camp in Burundi.

“How Dare the Sun Rise – Memoirs of a War Child” Sandra UWIRINGIYIMANA

They lived in the camp in despicable conditions for two months until one day their refugee camp was attacked by Hutu rebel forces armed with rifles and machetes.

Sandra was just 10 years old and found herself with a gun pointed at her head, witnessing the murder of her younger sister. In their wake, the Hutu rebels left 166 dead and 116 wounded in this Burundian refugee camp.

But Sandra survived and, eventually, through a United Nations refugee program, moved to America with her remaining family.

Book Review

I read Uwiringiyimana’s memoir as part of the Nkento book club. Nkento is a platform born out of my passion to empower Congolese women through networking.

Nkento has become a space for Congolese women to strive professionally and culturally. The Nkento book club consists of a diverse group of mostly anglophone women of Congolese descent joined together by our common love of literature.

We meet monthly and engage in deep constructive conversations on the book of the month followed by a Q&A with the author. This is how I met Sandra Uwiringiyimana.

We had no idea what to expect when we chose How Dare The Sun Rise. In hindsight, there could not have been a better piece to kickstart our book club with!

Indeed, a majority of the book club members were unaware of the history of the Banyamulenges in DRC or the wars and massacres that took place in the Eastern part of the country. 

Sandra’s memoir, while not a history or political science manual, provided powerful insights on her personal experience of war and journey as a refugee in America.

South-Kivu, Democratic Republic of the Congo

First and foremost, How Dare The Sun Rise is a history of courage and resilience. I can say, without hesitation, that Sandra is the bravest and most inspiring woman I know. 

Sandra was displaced multiple times as a child, and often lived in fear, especially after 1994, stability in the South-Kivu region had deteriorated, as conflict between the Hutus and Tutsis in neighboring Rwanda spilled across the border. 

A fear that the Nkento readers, including those who were the same age as Sandra but living in other parts of DRC at the time, never knew. In fact, we had no idea about what was happening to families like Sandra’s.

Within the same Congo, we had been living in dramatically different worlds. 

Sandra also demonstrated her strength in her journey as a refugee in America. In her book, she explains the challenges her family faced having to find her place in a new society and learn a new language – all without having any knowledge or context for her new community. 

They had to make tremendous efforts to become part of a new community.

I was troubled by our lack of knowledge about the status of refugees, especially Congolese ones, in America. But I was even more distressed by the fact that, until I read Uwiringiyimana’s book, I had little understanding of the status of the Banyamulenges in Eastern DRC. 

Growing up in a Congolese family in the Netherlands, I had never heard about the violence against civilian Banyamulenges in Eastern DRC. 

At long last, Uwiringiyimana gave a voice in her memoirs to the civilian Banyamulenge families that are victims of the conflict in Eastern DRC and explained the group’s struggle to be acknowledged as Congolese rather than as Rwandan foreigners.

It is not possible in the context of a book review, or even in the context of a woman’s testimony of her life, to write all sides of history. If you are interested in understanding the conflicts in the region better, the Mapping Report here is a central resource. 

But Sandra’s book marked a turning point for me. It made me realize how unaware we are of the multiple layers of the conflicts in Eastern DRC and forced me to consider another side of the tales I had heard.

It made me realize how important it is for the courageous and resilient voices of the victims of the Congolese war, in all of their diversity, to be heard loud and clear.

Vanessa Ngoma

MORE CONTEXT :

Follow the Nkento Book Club’s discussion with Uwiringiyimana here:

 

 

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