COVID-19 : réflexions sur les priorités économiques  

COVID-19 : reflections on economic priorities

par George Kibala 30 Avr 2020

La République Démocratique du Congo (RDC) est particulièrement vulnérable face à l’épidémie de COVID-19. Le pays est déjà en proie à une épidémie mortelle de rougeole qui a causé 6000 décès depuis janvier 2019, ainsi qu’une résurgence dramatique d’Ebola dans la province du Nord-Kivu.  En parallèle, l’économie du pays est très exposée au ralentissement économique sans précédent provoqué par les mesures globales de confinement pour « aplatir la courbe ». 

Selon le FMI, cette année, 90% des pays du monde connaîtront une croissance négative du produit intérieur brut réel par habitant. La projection de croissance de la RDC a été revue à la baisse (-2,2%). La RDC dépend essentiellement des exportations de ressources naturelles et des importations de produits alimentaires. Ceci explique en partie pourquoi elle figure parmi les pays africains les plus vulnérables aux conséquences économiques de l’épidémie. Il est important de souligner que même les précédentes projections de croissance du FMI (+3.2%) ne dépassent pas le taux de croissance démographique du pays (+3.2% selon la Banque Mondiale). 

Bien qu’il y ait encore beaucoup d’incertitude dans le combat contre le virus, dans les pays riches, il semble y avoir un consensus croissant autour d’une approche qui combine tests de masse et  mesures de distanciation sociale. Cette approche est soutenue par une incitation fiscale sans précédent des gouvernements visant à protéger les travailleurs et les entreprises.

Hélas, cette formule ne peut pas fonctionner de la même manière dans les pays à faible revenu où la pandémie a exposé de profondes faiblesses dans l’accès aux services de base tels que l’eau, l’assainissement et l’hygiène.

D’autre part, la plupart des pays pauvres n’ont pas la capacité d’emprunter des fonds à des taux d’intérêt bas. Certes, un allègement éventuel de la dette combiné à un ajustement de la politique monétaire seraient essentiels dans la gestion de la pandémie et la relance qui s’ensuivra mais ce n’est pas l’objet de cet article. 

Cet article se concentre sur d’autres domaines d’action prioritaires qui ont la capacité de protéger les communautés vulnérables en offrant par la même occasion des avantages vitaux à long terme pour la santé, la prospérité et la résilience des communautés dans notre pays. En RDC, toute l’énergie du gouvernement devrait servir à soutenir les plus démunis, tout en posant les bases de meilleures perspectives économiques à long terme.

    • La pandémie souligne la nécessité de mieux comprendre et cartographier la vulnérabilité économique et la pauvreté en RDC.

Une grande partie de la population en RDC vit déjà sous ou près du seuil de pauvreté. La contraction économique induite par le COVID-19 met encore plus de communautés en danger. Le risque que celles-ci sombrent dans l’extrême pauvreté est réel.

En 2012, 77% de la population vivait dans une pauvreté extrême avec moins de 1,90 $ par jour. Les estimations les plus récentes de la Banque mondiale estiment le taux d’extrême pauvreté en RDC à 73% en 2018, l’un des plus élevés d’Afrique subsaharienne, juste devant le Nigéria. Selon Brookings Institution, les prévisions à ce sujet pour 2030 ne sont guères réjouissantes. La RDC devrait continuer à tutoyer les 1ères places de ce triste classement.

Pourtant, comme l’ont souligné des chercheurs tels que Wim Marivoet, Tom De Herdt et John Ulimwengu de l’Institut du développement de l’Université d’Anvers, il est urgent de comprendre la pauvreté en RDC avec plus de granularité. Il est non seulement important de mieux comprendre la dynamique de la pauvreté au niveau provincial et municipal, mais parallèlement de trianguler différentes sources de données tout en suivant l’évolution des prix des denrées alimentaires essentielles. 

L’Évolution du nombre de pauvres (%) par province selon différentes méthodologies (2005-2012)

Source : Marivoet, De Herdt, et Ulimwengu (2018) 

Aujourd’hui, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la République Démocratique du Congo fait face à «la deuxième plus grande crise alimentaire au monde après le Yémen». La dernière analyse de la FAO concernant la sécurité alimentaire a révélé que 15,6 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire grave (la classification la plus sévère de la FAO). 

En raison du COVID-19, ce chiffre est susceptible de doubler. Les prix des aliments de base sur les marchés urbains du pays ont déjà augmenté. Comme le souligne Astrid Haas de l’International Growth Center, les citadins les plus pauvres peuvent consacrer jusqu’à 60% de leur revenu à la nourriture. Bien sûr, au-delà de l’insécurité alimentaire, les déplacements internes, les risques naturels (des inondations massives dans le Sud-Kivu en RDC ont touché 80 000 personnes et tué des dizaines de personnes) et les conflits armés exacerbent la vulnérabilité de nombreux autres Congolais. 

Pour mieux appréhender l’impact du COVID-19 sur les populations pauvres, la présidence congolaise devrait immédiatement lancer des collaborations avec des chercheurs, des donateurs, la société civile et le secteur privé pour tirer parti de la recherche existante. Cela permettrait l’accès à des sources de données innovantes telles que l’imagerie satellite et les données mobiles pour mieux identifier la vulnérabilité, ainsi que la modélisation de différents scénarios sur l’impact du COVID19. 

En effet, la création d’une meilleure base de données probantes est clé pour une meilleure élaboration des politiques. 

    •  Construire une infrastructure de filet de sécurité sociale innovante.  

Si le gouvernement est ambitieux, cela pourrait aller de pair avec la mise en place d’une infrastructure innovante de filets sociaux. Comme l’a documenté Ugo Gentilini de la Banque mondiale, «au 17 avril 2020, 87 pays au total avaient planifié, introduit ou adapté 161 programmes de transferts monétaires en réponse à COVID-19». Deux tiers des programmes de transferts monétaires liés aux coronavirus à travers le monde sont des programmes totalement nouveaux. 

Des pays à faible revenu ont accéléré la mise en place de programmes innovants de transfert de fonds pour protéger les plus vulnérables des conséquences économiques des mesures de confinement du COVID-19. C’est le cas de « Novissi » au Togo. A peine une semaine après son lancement, plus d’un million de personnes se sont inscrites et, à ce jour, plus de 450 000 bénéficiaires ont déjà reçu leurs premiers paiements via le mobile money (pour en savoir plus sur les réponses des autres pays africains, Development Reimagined est une excellente ressource). 

Cette année, 2,2 millions de personnes sont concernées par des transferts en espèces d’acteurs humanitaires. Comme le souligne un rapport récent d’Élan RDC, un projet de développement des systèmes de marchés en RDC financé par UKAID, la coopération entre les acteurs humanitaires et les prestataires de services financiers dans le pays pourrait être améliorée. Une coordination plus efficace entre le gouvernement, les acteurs humanitaires et le secteur privé serait salutaire pour les Congolais qui dépendent des transferts en espèces ou en bénéficient.

Malgré les efforts massifs qu’impliquent la planification et la conception d’un programme efficace de transfert d’argent, le gouvernement devrait saisir cette opportunité. L’exercice fournirait des données cruciales pour les politiques futures, tandis que les programmes de transfert en espèces offriraient d’importants avantages à long terme tels que l’accumulation d’actifs, le lissage des cycles de consommation des ménages, la résistance aux chocs externes et l’accès aux services de base. 

Bien évidemment, les avantages des transferts en espèces devraient être comparés avec l’aide humanitaire traditionnelle (nourriture, médicaments, produits d’hygiène etc…). Les Congolais ont besoin de ce type d’aide afin d’assurer la sécurité alimentaire. Le gouvernement agit déjà dans ce sens, notamment par le moyen du décret gouvernemental n°20/025 du 20 avril portant la suspension de la taxe sur la valeur ajoutée sur certains produits de première nécessité. Si ce décret est une bonne mesure, elle est loin d’être suffisante pour protéger les plus pauvres de l’insécurité alimentaire. 

Si la dernière décennie de croissance relativement stable a été bonne pour l’économie du pays, elle n’a pas vraiment réduit l’extrême pauvreté. Un système de transferts monétaires directs (au-delà de COVID-19) pourrait garantir une croissance plus inclusive.

    • Le COVID-19 rappelle que le gouvernement doit faire plus pour soutenir la fourniture de services de base comme l’eau, l’assainissement, et l’énergie 

Sur les 20% les plus pauvres en RDC, seulement 15% ont accès aux services d’eau de base. Cela se compare négativement au Nigéria et au Ghana où l’accès aux services d’eau de base pour le même groupe de revenu est de 39% et 54% respectivement.

La plupart des Congolais n’ont pas accès aux services d’eau et d’assainissement de base

Source : JMP 2017, calculs de l’auteur

Dans le secteur de l’assainissement, le pays obtient aussi de mauvais résultats (bien qu’il soit notable que le Nigeria et le Ghana obtiennent des résultats similaires en matière d’assainissement).

Comme je l’ai souligné ici, il sera impossible d’affronter le COVID-19 sans accès aux services d’eau de base. Le gouvernement devrait utiliser une partie du financement qu’il a obtenu de la Banque mondiale pour étendre ses prestations. À plus long terme, le gouvernement devrait investir davantage dans l’eau et l’assainissement, comme le Conseil des Ministres Africains Chargés de l’Eau (AMCOW) l’a recommandé  à plusieurs occasions, et tirer des enseignements des approches innovantes dans d’autres pays.

En matière d’énergie, le gouvernement a déjà pris des mesures prometteuses. Alors que le pays tout entier espère que le gouvernement surmontera les défis liés à la construction du barrage INGA, il existe un énorme potentiel pour l’émergence de solutions solaires hors réseau dans le pays. Le gouvernement a notamment signé un accord avec BBOXX pour l’électrification de 10 million de ménages. D’autres fournisseurs d’énergies solaires hors réseaux comme Nuru et Altech à l’Est du pays sont opérationnels et sont en train d’élargir leurs offres. 

Plusieurs autres pays africains tels que le Togo et le Nigeria ont fait des progrès considérables dans l’augmentation de leur taux d’accès à l’énergie, et la RDC a beaucoup à apprendre d’eux. Au Nigéria, la « Rural Electrification Agency » joue un rôle clé en catalysant et en coordonnant la croissance du secteur énergétique hors réseau du pays. De plus, pour affronter le COVID-19, de nombreux pays utilisent des outils intelligents de planification énergétique pour identifier les centres de santé pour l’électrification hors réseau. Selon GOGLA, seulement 9% des établissements de santé en RDC ont  accès à une source d’électricité fiable et de nombreux équipements de santé tombent en panne en raison d’un approvisionnement énergétique peu fiable. 

    • La pandémie de COVID-19 est l’occasion de stimuler l’inclusion numérique

De nombreux pays africains comme le Nigéria, le Kenya et le Sénégal mettent à profit des solutions numériques pour lutter contre l’épidémie. 

L’écosystème croissant des startups du Congo n’est pas en reste et a réagi rapidement à la crise en créant des outils comme RDC TrackCovid-19 pour mieux comprendre la dynamique de la pandémie. Par ailleurs, le groupe de travail présidentiel sur le COVID-19 travaille activement avec les opérateurs mobiles et les innovateurs sur des campagnes de sensibilisation via messagerie.  

Au-delà de l’exploitation de ces solutions, le gouvernement congolais devrait explorer les possibilités de soutenir davantage l’inclusion numérique. De nombreux gouvernements ont adopté des mesures qui encouragent l’utilisation des paiements numériques. Comme l’exemple de « Novissi » au Togo l’a démontré, la mise en place de systèmes de transfert de fonds peut aussi être utilisée pour encourager l’adoption du mobile money. L’inclusion financière est un défi majeur pour la RDC. 14% de la population congolaise possède un compte dans une institution financière, alors que la plupart des abonnés mobiles n’ont pas encore utilisé l’argent mobile. La pénétration de l’argent mobile pourrait être aussi être un catalyseur clé d’autres innovations  et faciliter  l’envoi de fonds aux familles dans les zones rurales. 

La RDC a déjà connu une croissance considérable de la pénétration des abonnements mobiles au cours de la dernière décennie. Cette dernière devrait atteindre 40% en 2020.

Source : GSMA Intelligence 

Comme le montre la croissance exponentielle des abonnés à l’internet mobile et des utilisateurs de smartphones au cours de la dernière décennie, le secteur digital peut être un secteur de croissance clé pour le pays. Cette année, le Congo devrait compter plus de 20 millions d’abonnés uniques à l’Internet mobile.

Source : GSMA Intelligence 

Un secteur digital dynamique pourrait éventuellement faciliter d’autres objectifs de développement comme l’accès aux services de bases, la productivité agricole, et la bonne gouvernance. Actuellement, le taux de pénétration des abonnements mobiles dans les zones urbaines est beaucoup plus élevé que dans les zones rurales. Il y a également un grand écart d’accès entre les riches et les pauvres. Il faudrait donc faire plus pour encourager une adoption des services mobiles plus inclusive.

C’est encourageant que le gouvernement soit déjà en train de collaborer avec l’écosystème technologique dans sa réponse au COVID-19, mais c’est important qu’il y ait encore plus de mesures et de ressources pour soutenir les entrepreneurs au Congo. Cela aiderait non seulement le gouvernement, mais aussi les entrepreneurs qui peinent à faire fructifier leurs affaires. Selon Erick Yong de GreenTec Capital plus de « 80 % des startups africaines pourraient se retrouver contraintes de baisser le rideau, dans des délais records si des fonds ad hoc n’étaient pas mis à leur disposition ». 

L’écosystème technologique de la RDC

Source: Briter Bridges (2018)

De telles collaborations pourraient aussi être cruciales pour relever d’autres défis de politique publique, tout en stimulant simultanément l’écosystème technologique local. La collaboration entre le Ministère de l’Éducation et la startup « Ed-Tech » congolaise Schoolap est un bon exemple mais il reste de nombreuses autres opportunités à explorer dans ce domaine. 

    • Soutenir les gouverneurs et les maires et piloter les réformes au niveau local

Les gouvernements provinciaux et locaux auront besoin de ressources pour mettre en œuvre les mesures d’atténuation du COVID19, mais ils doivent en outre pouvoir piloter des mesures dans un contexte  incertain.

Avant que de nouvelles interventions politiques innovantes puissent être mises en œuvre au niveau national, elles devraient être testées au niveau provincial. Des pays comme la Chine et la Malaisie ont une longue tradition de mise à l’essai des réformes au niveau régional, en utilisant des données empiriques pour affiner la politique, puis en la mettant en oeuvre à l’échelle nationale. Au-delà du COVID-19, il y a une autre raison pour laquelle le renforcement du pouvoir et des ressources des gouvernements locaux et provinciaux est important : les villes du Congo sont parmi les villes à la croissance la plus rapide au monde. Le COVID-19 présente une opportunité de réformer la gouvernance urbaine en RDC afin que les gouvernements locaux et les maires soient habilités et incités à améliorer les moyens de subsistance de leurs citoyens.

Cela serait particulièrement important pour les villes émergentes telles que Kisangani, Kananga et Mbuji-Mayi, qui figurent parmi les 30 villes à la croissance la plus rapide au monde. Réformer la gouvernance urbaine aujourd’hui pourrait avoir d’énormes retombées au niveau du développement à l’avenir et garantir que les villes deviennent les moteurs de la productivité du pays. 

Conclusion 

Les propositions faites dans cet article ne sont pas exhaustives mais elles visent à stimuler le débat sur le COVID-19 et ses répercussion sur l’économie congolaise. 

L’essentiel est que le gouvernement prenne cette crise au sérieux et reporte les luttes intestines politiques sine die. L’inaction en temps de crise peut priver les générations futures de leurs aspirations et dans un territoire aussi étendu, aussi riche et aussi peuplé que le nôtre, l’urgence est à l’action.

George Kibala Bauer

The Democratic Republic of Congo (DRC) is particularly vulnerable to the COVID-19 epidemic. The country is already plagued by a deadly measles epidemic that has caused 6,000 deaths since January 2019, as well as a dramatic resurgence of Ebola in North Kivu province. At the same time, the country’s economy is very exposed to the unprecedented economic slowdown caused by global containment measures to “flatten the curve”. 

According to the IMF , this year 90% of the world’s countries will experience negative growth in real gross domestic product per capita. The growth projection for the DRC has been revised downwards (-2.2%). The DRC depends mainly on exports of natural resources and imports of food products. This partly explains why it is among the African countries most vulnerable to the economic consequences of the epidemic. It is important to emphasize that even the previous IMF growth projections (+ 3.2%) do not exceed the country’s population growth rate (+ 3.2% according to the World Bank). 

Although there is still a lot of uncertainty in the fight against the virus, in rich countries, there seems to be a growing consensus around an approach that combines mass testing and measures of social distancing. This approach is supported by an unprecedented tax incentive from governments to protect workers and businesses.

Unfortunately, this formula cannot work in the same way in low-income countries where the pandemic has exposed deep weaknesses in access to basic services such as water, sanitation and hygiene.

On the other hand, most poor countries do not have the capacity to borrow funds at low interest rates. Admittedly, a possible debt relief combined with an adjustment of monetary policy would be essential in the management of the pandemic and the ensuing recovery, but this is not the purpose of this article. 

This article focuses on other priority areas for action that have the capacity to protect vulnerable communities while at the same time providing vital long-term benefits to the health, prosperity and resilience of communities in our country. In the DRC, all of the government’s energy should be used to support the poorest, while laying the foundations for better long-term economic prospects.

    • The pandemic highlights the need to better understand and map economic vulnerability and poverty in the DRC.

A large part of the population in the DRC already lives below or near the poverty line. The economic contraction induced by COVID-19 puts even more communities at risk. The risk that the latter s ombrent in extreme poverty is real.

In 2012, 77% of the population lived in extreme poverty on less than $ 1.90 a day. The most recent estimates from the World Bank estimate the extreme poverty rate in the DRC at 73% in 2018, one of the highest in sub-Saharan Africa, just ahead of Nigeria. According to the Brookings Institution , predictions about this for 2030 are not very encouraging. The DRC should continue to approach the 1st places of this sad ranking.

However, as researchers such as Wim Marivoet, Tom De Herdt and John Ulimwengu from the Development Institute of the University of Antwerp have pointed out, there is an urgent need to understand poverty in the DRC with more granularity. It is not only important to better understand the dynamics of poverty at the provincial and municipal levels, but at the same time to triangulate different sources of data while monitoring the evolution of prices of essential foodstuffs. 

Evolution of the number of poor (%) by province according to different methodologies (2005-2012)

Source: Marivoet, De Herdt, and Ulimwengu (2018) 

Today, according to the Food and Agriculture Organization (FAO), the Democratic Republic of the Congo is facing ” the second largest food crisis in the world after Yemen”. The latest FAO food security analysis found that 15.6 million people suffer from severe food insecurity (the most severe FAO classification). 

Due to COVID-19, this figure is likely to double. The prices of basic foods in the country’s urban markets have already increased . As Astrid Haas of the International Growth Center points out, the poorest city dwellers can spend up to 60% of their income on food. Of course, beyond food insecurity, internal displacement, natural hazards (massive flooding in South Kivu in the DRC affected 80,000 people and killed dozens) and armed conflicts exacerbate the vulnerability of many other Congolese. 

To better understand the impact of COVID-19 on poor populations, the Congolese presidency should immediately launch collaborations with researchers, donors, civil society and the private sector to take advantage of existing research. This would allow access to innovative data sources such as satellite imagery and mobile data to better identify vulnerability, as well as the modeling of different scenarios on the impact of COVID19. 

Indeed, creating a better evidence base is key to better policy making. 

    •  Build an innovative social safety net infrastructure.  

If the government is ambitious, this could go hand in hand with the establishment of an innovative social safety net infrastructure. As documented by Ugo Gentilini of the World Bank, ” as of April 17, 2020, a total of 87 countries had planned, introduced or adapted 161 cash transfer programs in response to COVID-19 “. Two-thirds of the coronavirus-related cash transfer programs worldwide are completely new programs. 

Low-income countries have accelerated the implementation of innovative cash transfer programs to protect the most vulnerable from the economic consequences of COVID-19 containment measures. This is the case of “Novissi” in Togo. Barely a week after its launch, more than a million people have registered and, to date, more than 450,000 beneficiaries have already received their first payments via mobile money (to find out more about the responses from other countries African Development Reimagined is a great resource). 

This year, 2.2 million people are affected by cash transfers from humanitarian actors. As highlighted in a recent report by Élan RDC, a UKAID funded market systems development project in the DRC, cooperation between humanitarian actors and financial service providers in the country could be improved. A more effective coordination among government, humanitarian actors and the private sector would be beneficial for the Congolese people who depend on cash transfers or benefit.

Despite the massive efforts involved in planning and designing an effective money transfer program, the government should seize this opportunity. The exercise would provide crucial data for future policies, while cash transfer programs would provide important long-term benefits such as asset accumulation, smoothing household consumption cycles, resilience to shocks access to basic services. 

Obviously, the benefits of cash transfers should be compared with traditional humanitarian aid (food, medicine, hygiene products, etc.). Congolese need this type of aid to ensure food security. The government is already acting in this direction, in particular by means of government decree No. 20/025 of April 20, suspending the value added tax on certain basic necessities. While this decree is a good measure, it is far from sufficient to protect the poorest from food insecurity. 

While the last decade of relatively stable growth has been good for the country’s economy, it has not really reduced extreme poverty. A system of direct cash transfers (beyond COVID-19) could guarantee more inclusive growth.

    • COVID-19 recalls that the government must do more to support the provision of basic services such as water, sanitation, and energy 

Of the poorest 20% in the DRC, only 15% have access to basic water services. This compares negatively to Nigeria and Ghana where access to basic water services for the same income group is 39% and 54% respectively.

Most Congolese lack access to basic water and sanitation services

Source: JMP 2017 , author’s calculations

In the sanitation sector, the country also scores poorly (although it is notable that Nigeria and Ghana score similarly in terms of sanitation).

As I have pointed out here , it will be impossible to confront COVID-19 without access to basic water services. The government should use part of the funding it has obtained from the World Bank to expand its services. In the longer term, the government should invest more in water and sanitation, as the Council of African Ministers responsible for Water (AMCOW) has recommended  on several occasions , and learn from innovative approaches in d ‘other countries.

In terms of energy, the government has already taken promising steps. While the whole country hopes that the government will overcome the challenges of building the INGA dam, there is enormous potential for the emergence of off-grid solar solutions in the country. The government notably signed an agreement with BBOXX for the electrification of 10 million households. Other suppliers of off-grid solar energy such as Nuru and Altech in the east of the country are operational and are expanding their offers. 

Several other African countries such as Togo and Nigeria have made considerable progress in increasing their energy access rates, and the DRC has much to learn from them. In Nigeria, the Rural Electrification Agency plays a key role in catalyzing and coordinating the growth of the country’s off-grid energy sector. In addition, to address COVID-19, many countries are using intelligent energy planning tools to identify health centers for off-grid electrification . According to GOGLA, only 9% of health facilities in the DRC have access to a reliable source of electricity and many health facilities break down due to an unreliable energy supply. 

    • The COVID-19 pandemic is an opportunity to boost digital inclusion

Many African countries such as Nigeria , Kenya and Senegal are taking advantage of digital solutions to fight the epidemic. 

The growing ecosystem of Congo’s startups is not to be outdone and reacted quickly to the crisis by creating tools like RDC TrackCovid-19 to better understand the dynamics of the pandemic. In addition, the presidential working group on COVID-19 is actively working with mobile operators and innovators on awareness campaigns via messaging.  

Beyond exploiting these solutions, the Congolese government should explore the possibilities of further supporting digital inclusion. Many governments have adopted measures that encourage the use of digital payments . As the example of “Novissi” in Togo demonstrated, the establishment of money transfer systems can also be used to encourage the adoption of mobile money. Financial inclusion is a major challenge for the DRC. 14% of the Congolese population has an account with a financial institution, while most mobile subscribers have not yet used mobile money. Mobile money penetration could also be a key catalyst for other innovations  and facilitate the sending of funds to families in rural areas. 

The DRC has already experienced considerable growth in the penetration of mobile subscriptions over the past decade. The latter should reach 40% in 2020.

Source: GSMA Intelligence 

As the exponential growth of mobile internet subscribers and smartphone users has shown over the past decade, the digital sector can be a key growth area for the country. This year, Congo is expected to have more than 20 million unique mobile Internet subscribers.

Source: GSMA Intelligence 

A dynamic digital sector could possibly facilitate other development objectives such as access to basic services , agricultural productivity , and good governance . Currently, the penetration rate of mobile subscriptions in urban areas is much higher than in rural areas. There is also a large gap in access between the rich and the poor. More should therefore be done to encourage more inclusive adoption of mobile services.

It is encouraging that the government is already collaborating with the technological ecosystem in its response to COVID-19, but it is important that there are still more measures and resources to support entrepreneurs in the Congo. This would help not only the government, but also the entrepreneurs who are struggling to grow their businesses. According to Erick Yong of GreenTec Capital, more than ”  80% of African startups could find themselves forced to lower the curtain, in record time if ad hoc funds were not made available to them”. 

The technological ecosystem of the DRC

Source: Briter Bridges (2018)

Such collaborations could also be crucial for meeting other public policy challenges, while simultaneously stimulating the local technological ecosystem. The collaboration between the Ministry of Education and the Congolese start-up “Ed-Tech” Schoolap is a good example, but there are many other opportunities to explore in this area. 

    • Support governors and mayors and steer reforms at local level

Provincial and local governments will need resources to implement COVID19 mitigation measures, but they must also be able to pilot measures in an uncertain environment.

Before new innovative policy interventions can be implemented at the national level, they should be tested at the provincial level. Countries like China and Malaysia have a long tradition of testing reforms at the regional level, using empirical data to refine policy, and then implementing it nationally. Beyond COVID-19, there is another reason why strengthening the power and resources of local and provincial governments is important: the cities of Congo are among the fastest growing citiesin the world. COVID-19 presents an opportunity to reform urban governance in the DRC so that local governments and mayors are empowered and encouraged to improve the livelihoods of their citizens.

This would be particularly important for emerging cities such as Kisangani, Kananga and Mbuji-Mayi, which are among the 30 fastest growing cities in the world . Reforming urban governance today could have huge development implications in the future and ensure that cities become the engines of the country’s productivity. 

Conclusion 

The proposals made in this article are not exhaustive but they aim to stimulate the debate on COVID-19 and its repercussions on the Congolese economy. 

The bottom line is for the government to take this crisis seriously and postpone the internal political struggles indefinitely. Inaction in times of crisis can deprive future generations of their aspirations and in an area as large, as rich and as populous as ours, the urgency is for action.

George Kibala Bauer

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