COVID-19 : Contenir le choc économique

COVID-19: containing the economy shock

par Milain Fayulu 21 Avr 2020
Image : Reuters / Zora Bensemra

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), comme tant d’autres à travers le monde s’emploie à déployer un arsenal de mesures de riposte sur le court terme pour adresser non seulement la crise sanitaire causée par le COVID-19 mais également ses conséquences socio-économiques. Ces mesures vont demander l’élaboration de politiques publiques qui doivent impérativement s’articuler autour de trois axes : (i) la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et des services publics de base; (ii) le soutien aux ménages et aux entreprises et (iii) l’ajustement des politiques budgétaire, monétaire et fiscale du pays en réponse aux deux premiers axes. Une coordination efficace de ces axes suppose le concours d’une administration rigoureuse et d’un degré élevé de confiance de la population envers son leadership. Cette pandémie offre donc un test grandeur nature de la capacité de l’Etat à mettre en place des mesures d’urgences. 

Dans une série d’articles, nous comptons examiner les dispositions prises par le gouvernement pour faire face au COVID-19 et proposer des recommandations sur chacun des points évoqués ci-dessus. Dans ce premier volet, nous brossons le portrait d’un pays en difficulté face à la crise du coronavirus et nous donnons un aperçu des recommandations qui seront détaillées dans les articles à venir. 

Tout d’abord, comme c’est le cas dans beaucoup de pays, la réalité financière de la RDC ne lui permet pas d’utiliser les tests de masse comme solution pour vaincre la pandémie. A titre d’exemple, à ce jour, l’INRB (Institut National de Recherche Biomédicale) dispose seulement d’une capacité de 120 tests journalier. De l’autre côté de la frontière, le Rwanda, 7 fois moins peuplé, a une capacité 8 fois supérieure. Autant dire que les tests de dépistage du coronavirus en RDC seront vraisemblablement réservés à une poignée de nantis, issus principalement de “la République de la Gombe”.

Vient ensuite la question de la célérité et de l’efficacité décisionnelle. On constate que des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Ghana ont mis en place des protocoles de riposte clairs, et communiquent régulièrement. Les autorités de Kinshasa, quant à elles, s’illustrent par une communication cacophonique et contradictoire. Par exemple, les informations émanant du ministère de la santé se sont avérées fausses à maintes reprises et le Docteur Muyembe (coordonnateur de la riposte) a contredit plusieurs fois les autorités provinciales au sujet du nombre de cas confirmés. Ces incohérences répétées laissent la population désorientée et met à mal le peu d’autorité et de crédibilité qui reste à l’État congolais.

Enfin, concernant l’assistance sociale, celle-ci relève quasiment de l’impossible. Sa mise en place présuppose un fonctionnement correct de l’administration. La question de son financement laisse encore plus perplexe. En effet, comment peut-on envisager l’État providence alors que nous ignorons toujours le montant disponibilisé sur les 135 millions de dollars réclamé par le Docteur Muyembe pour assurer la riposte sanitaire ?

Au vu de ce qui précède, il est difficile d’être taxé de pessimiste en affirmant que la très grande majorité des Congolais sera abandonné à leur propre sort par les pouvoirs publics pendant et après la pandémie. 

Comment, dans ce cas, contenir le choc économique engendré par le COVID-19 en RDC ? 

    • En assurant  les services publics de base

Cela peut paraître banal, mais l’Etat congolais devrait, avant toute chose, assurer la desserte continue en eau  pour les 26% de la population qui y ont accès et faire de même pour la fourniture en électricité des 15% de congolais déjà desservis. L’intérêt, au delà du bon fonctionnement des hôpitaux et des ménages, c’est le maintien de ce qui reste de tissu industriel, sans quoi les effets négatifs de la crise seront exacerbés.     

L’autre priorité absolue c’est l’éducation. Le ministère de l’éducation devrait faire preuve de créativité pour dispenser à distance les cours aux élèves et étudiants dans le public. L’accès aux données (data) mobiles étant limité (13% d’utilisateurs ont accès à la 3G) et prohibitif pour la majorité des Congolais, la stratégie du ministère devrait se concentrer sur les médias traditionnels (radio et télévision), qui ont un taux de pénétration plus élevé dans les foyers. L’annonce du 20 avril du ministre de l’éducation allant dans ce sens est un pas dans la bonne direction. Des tranches horaires devraient être assignées à chaque catégorie d’âge et les enseignants doivent être formé rapidement pour dispenser le contenu des manuels scolaires par vidéo (télé) et à l’oral (radio).        

    • En sécurisant la chaîne d’approvisionnement alimentaire

La fermeture des frontières pèse sur les échanges transfrontaliers et impacte sévèrement l’approvisionnement en vivres. La RDC devrait profiter de cette crise pour entamer une réflexion sur la mise en place d’une véritable politique agricole devant aboutir à l’autosuffisance alimentaire du pays. Cependant, dans l’immédiat, il faudrait que l’Etat sollicite le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour racheter les stocks et qu’il encadre les importateurs pour éviter toute activité spéculative sur les marchés. Il serait également judicieux de soutenir la production locale des denrées de base en accordant des subventions et un soutien logistique aux producteurs afin qu’ils puissent satisfaire les besoins nationaux, ne serait-ce que le temps de la crise. 

Par ailleurs, le gouvernement devrait acheminer la production locale à travers le pays en s’associant, par exemple, aux compagnies aériennes locales. Une grande partie du transport de marchandises s’effectuant sur le fleuve Congo, une fluidification du trafic fluvial en augmentant le nombre de barges en circulation et une réduction des contraintes administratives s’impose. Pour ce faire, la coordination entre les acteurs du secteur privé, de la société civile et de l’Etat est essentielle. La crise offre ainsi une opportunité de consolider les actions que mènent déjà différents groupes sur toute l’étendue du territoire. Et s’il est vrai qu’il existe peu d’acteurs dans le secteur agricole en RDC, c’est l’occasion de se tourner vers des opérateurs internationaux à la recherche de nouveaux marchés. On pourrait assister à l’émergence de futurs leaders dans l’agroalimentaire.   

    • En soutenant les ménages et les entreprises 

Une fois la chaîne d’approvisionnement sécurisée, l’Etat devrait, à l’instar du Ghana, distribuer de la nourriture gratuitement aux plus démunis, en s’appuyant, par exemple, sur le dense réseaux de l’église catholique : elle est au plus près de la population et agit souvent en lieu et place de l’Etat en matière d’assistance sociale, médicale et éducative.

Aussi, bien que le tissu économique et que la majeure partie des emplois soient dans l’économie informelle, le rôle que jouent les entreprises dans le secteur formel est primordial. En effet, elles sont les principales contributrices au PIB congolais. Il est donc dans l’intérêt général de les empêcher de faire faillite en allégeant leurs charges, au moins le temps de la crise.

D’autre part, la pandémie offre une opportunité pour les compagnies téléphoniques, via des systèmes comme M-Pesa, d’augmenter l’inclusion numérique et de raccorder un plus grand nombre de Congolais au circuit financier. Contrairement aux banques, elles offrent des procédures plus rapides et jouissent d’une certaine confiance des utilisateurs comme gardienne de leurs dépôts.  Elles pourraient devenir le centre névralgique de l’économie informelle, surtout avec la phobie du cash qui va naître de la pandémie. Un tel raccordement permettrait à des millions de Congolais aujourd’hui exclus du système bancaire de bénéficier d’un moyen simple de réception de potentiels transferts direct de la part du gouvernement ou même d’organisations internationales. 

A ce titre, les recherches en Ouganda du Professeur Chris Blattman de l’université de Chicago et l’expérimentation de l’ONG ‘Give Directly’ qui chaque mois distribue 22$ à 6000 Kenyans sur une période de 12 ans tendent à montrer les bénéfices de donner de l’argent directement aux populations d’Afrique subsaharienne. L’idée est simple : faire confiance à ces dernières en lieu et place du gouvernement pour maximiser l’impact de l’aide financière. C’est une piste à considérer, notamment pour les ONG qui aimeraient aider les populations mais rechignent à le faire par peur de voir les fonds détournés par le gouvernement congolais.   

A terme, l’Etat devrait mener une véritable réflexion stratégique sur ces dynamiques dans l’optique de dispenser des aides financières directes aux populations chaque fois que le besoin s’en fera sentir. 

    • En ajustant la politique budgétaire, monétaire et fiscale du pays

Si les politiques publiques décrites ci-dessus ou tout autres mesures doivent être mises en place, le gouvernement congolais devra solidifier sa capacité à augmenter ses recettes et mobiliser des fonds. 

La première étape pour se faire serait l’obtention de l’annulation de la dette due aux institutions multilatérales et aux partenaires bilatéraux. En ce sens, l’appel du 30 Mars 2020 de La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à annuler 236 milliards de dollars de dette africaine est une bonne nouvelle. Cela permettrait au trésor congolais de disposer de près de 200 millions de dollars supplémentaires par an actuellement affectés au service de la dette, selon les chiffres de la Banque Mondiale

Dans un deuxième temps, le gouvernement devrait accélérer la mobilisation des fonds d’urgence auprès des bailleurs et faire preuve de transparence dans leur utilisation. Effectivement, en plus des 47 millions de dollars d’aide déjà alloués par la Banque Mondiale, le Fond Monétaire Internationale s’apprête à débloquer une assistance de 365 millions de dollars à titre de “facilité rapide de crédit”. L’institution insiste sur le fait que son appui “inclurait des engagements des autorités à faire un usage correct et transparent des fonds”. Car, si le FMI prévoyait un déficit de l’ordre de 300 millions de dollars sur des revenus de 5.45 milliards de dollars en 2020, il table désormais sur un déficit additionnel de 400 millions de dollars à cause de la pandémie. Ce déficit  est aggravé par la dégringolade du cours des matières premières. A ce sujet, le ministre des mines a récemment évoqué une “catastrophe” économique en gestation en pointant du doigt la chute de 15% des exportations de cobalt au premier trimestre 2019. Conséquence directe d’une ultra dépendance vis-à-vis de la Chine qui représente 40% des exportations congolaises. Il s’agit là de problèmes structurels qui devraient être traités sur la durée et pas seulement dans le cadre de la riposte au coronavirus.  

En ce qui concerne la politique monétaire, il faut saluer les onze mesures prises par la Banque Centrale pour “atténuer l’impact de la crise sanitaire sur l’activité économique et garantir la continuité des services financiers”. Cependant, nous l’encourageons à faire un effort pour réduire d’avantage le taux d’intérêt directeur qui s’élève actuellement à 7.5%. Une baisse sensible de ce dernier doit être accompagnée de directives aux banques pour qu’elles simplifient l’accès et le coût du crédit, ce qui donnerait une bouffée d’oxygène aux emprunteurs. 

Ce serait également l’occasion de lancer une vaste opération mains propres en demandant aux  citoyens soupçonnés de détournements de renflouer les caisses de l’Etat en échange d’amnistie. L’Angola a déjà récupéré 5 milliards de dollars après avoir lancé une opération similaire. Les montants astronomiques détournés pendants les deux mandatures précédentes laissent penser que la RDC pourrait faire beaucoup mieux que son voisin en la matière. Il s’agit de sommes potentiellement supérieures aux aides ou autres crédits octroyés par les bailleurs.  

Enfin, il sied de noter que le train de vie faramineux de l’Etat (17.2% des dépenses) n’a toujours pas fait l’objet d’une cure d’amaigrissement. Si l’on ajoute à cela les millions qui pourraient être récupérés dans le cadre du vaste coup de filet judiciaire en cours autour du programme des 100 jours, la RDC disposerait sur le court terme de suffisamment de ressources pour contenir le choc économique causé par le coronavirus. 

Note finale 

A l’aube de son 60eme anniversaire de l’indépendance, la RDC devrait saisir l’occasion offerte par la pandémie de COVID-19 pour faire un examen de conscience; un véritable “contrôle médical” du patient RDC. Car, pris en étau entre la faillite de l’Etat et une crise sanitaire inédite, le peuple Congolais, lui, constate amèrement que derrière les affirmations puériles de souveraineté se cache en réalité un État frêle et malade. 

Contenir le choc économique c’est donc avant tout soigner la République et la rendre véritablement souveraine. Pour ce faire, les services public de base comme l’eau, et l’électricité doivent être accessible en continu et au plus grande nombre. Au delà de toute considération économique c’est une simple question de dignité. 

De plus, les élèves et les étudiants, communément labellisés comme étant “notre futur” dans les grands discours des politiciens, doivent être encadré pendant la crise. On ne transige pas avec la transmission du savoir, surtout à l’échelle d’une nation, quel qu’en soit le prix. 

Ensuite, le pays doit sans plus tarder sortir de la contradiction qui fait qu’il possède les terres les plus fertiles d’Afrique mais importe à prix d’or ses denrées alimentaire. 

Enfin, il faut rompre une fois pour toute avec ce paradigme hérité de l’époque coloniale qui nous pousse sans cesse à nous tourner vers l’extérieur pour résoudre nos problèmes, qu’ils soient financiers, sanitaires ou technologiques. 

Le temps est venu pour nous de bousculer l’ordre mondial, et de nous extirper de cette oppression mentale que nous nous imposons à nous même et qui n’a plus lieu d’être au 21eme siècle. 

60 ans après la “naissance” de l’Etat congolais, il est temps d’honorer Lumumba en écrivant “notre propre histoire”. Il n’y a pas de fatalité. 

Car, tel un nouveau-né qui développe des anticorps après sa première maladie, la République Démocratique du Congo peut développer sa résilience et se prémunir des chocs à venir, tout en contenant l’impact du choc actuel.

Encore faudrait-il accepter le diagnostic et entamer la cure. 

Milain Fayulu 

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The government of the Democratic Republic of Congo (DRC) is working to deploy an arsenal of short-term measures to address not only the health crisis caused by COVID-19 but also its socio-economic consequences. These measures will require the development of public policies which must revolve around three axes: First, securing the food supply chain and basic public services, second, support for households and businesses, and lastly the adjustment of the country’s budgetary, monetary, and fiscal policies in response to the first two axes. Effective coordination of the latter requires the assistance of rigorous administration and a high degree of public confidence in its leadership. This pandemic therefore offers a full-scale test of the state’s ability to put in place emergency measures.

 In a series of articles, I intend to examine the measures taken by the government to deal with COVID-19 and propose recommendations on each of the axes mentioned above. In this first section, I paint a picture of a country that is struggling while facing the coronavirus crisis, and I give an overview of the recommendations which will be detailed in the articles to come.

Tracking capability, speed and efficiency of decisions, and the state social assistance

The bleak financial reality of the DRC does not allow it to use mass testing as a solution to overcome the pandemic. For example, to date, the NIRB (National Institute for Biomedical Research) only has the capacity to perform 120 daily tests. On the other side of the border, in Rwanda, which has 1/7th of the DRC’s population, the capacity for testing is eight times higher. Suffice to say that the screening tests for coronavirus in the DRC will probably be reserved for a handful of wealthy citizens, mainly from “The Kinshasa-Gombe Republic.”

Next comes the question of speed and decision-making efficiency. Countries like Senegal, Côte d’Ivoire and Ghana have set up clear response protocols, and they communicate regularly to their populations. The authorities in Kinshasa, for their part, are illustrated by cacophonic and contradictory communication. For example, information from the Ministry of Health has repeatedly been proven to be false, and Doctor Muyembe, the Congolese coordinator of the response, has contradicted the provincial authorities about the number of confirmed cases several times. These repeated inconsistencies leave the population disoriented and undermine the little authority and credibility that the Congolese state barely holds to.

Finally, social assistance is almost impossible. Its setup presupposes the proper functioning of the administration. The question of its funding is even more perplexing. We still do not know the amount available out of the 135 million dollars requested by Doctor Muyembe to ensure the health response.

With the above in mind, it is difficult to be called a pessimist when affirming that the vast majority of Congolese people will be abandoned by public authorities during the pandemic.

How can the economic shock caused by COVID-19 in the DRC be contained ?

 –      Ensuring basic public services

 The Congolese state should, above all, ensure a continuous water supply for the 26% of the population who have access to it and do the same for the supply of electricity to which 15% of the Congolese population has access. The interest, beyond the proper functioning of hospitals and households, is the maintenance of what remains of the industrial fabric, without which the  negative effects of the crisis will be exacerbated.

The other top priority is education. The Ministry of Education should be creative in providing remote education for pupils and students in public schools. With access to mobile data being limited — only 13% of users have access to 3G— and prohibitive for the majority of the Congolese population, the strategy of the ministry should focus on the traditional media (radio and television), which have a higher penetration rate in homes. The announcement on April 20 by the Minister of Education stating that they are beginning this process is a step in the right direction. Time slots should be assigned to each age category and teachers should be trained quickly to deliver textbook content via television and radio.

–      Securing the food supply chain

The closing of borders weighs on cross-border trade and has a severe impact on the food supply. The DRC should take advantage of this crisis to start reflecting on the implementation of a real agricultural policy that should lead to food self-sufficiency. However, in the immediate future, the state should request that the World Food Program (WFP) buy back stocks and supervise importers to avoid any speculative activity in the markets. It would also be a good idea to support local production of basic foodstuffs by providing subsidies and logistical support to producers so that they can meet national needs, during the crisis.

In addition, the government should route local production across the country by partnering, for example, with local airlines. Also, since much of the transport of goods is carried out on the Congo River, a streamlining of river traffic by increasing the number of barges in circulation and a reduction of administrative burdens is essential. To do this, coordination between the private sector, civil society, and the State, is essential. The crisis thus offers an opportunity to consolidate the actions already carried out by different groups throughout the territory. And if it is true that there are few actors in the agricultural sector in the DRC, then it means this is an opportunity to turn to international operators in search of new markets. The country could witness the emergence of future leaders in the food industry.

–      By supporting households and businesses

Once the supply chain is secured, the state should, such as Ghana, distribute free food to the most disadvantaged, for example by leveraging the dense Catholic Church networks. Indeed, the Catholic Church is close to the population and often acts in place of the state.

Although the economic fabric and most of the jobs are in the informal economy, the role that companies play in the formal sector is essential. Indeed, they are the main contributors to the Congolese GDP. It is therefore in the general interest to prevent them from going bankrupt by reducing their charges, at least during the crisis.

On the other hand, the pandemic offers an opportunity for telecom companies to increase digital inclusion and connect more Congolese people to the financial circuit. Unlike banks, they offer faster procedures and have gained the users’ trust to be the custodians of their deposits. They could become the nerve center of the informal economy, especially given the cash phobia which will stem from the pandemic. Such a connection would allow millions of Congolese people currently excluded from the banking system to benefit from a simple means of receiving potential direct transfers from the government or even from international organizations.

As such, research in Uganda done by Professor Chris Blattman of the University of Chicago and the experimentation of the NGO ‘Give Directly’ who distributes $22 to 6,000 Kenyans each month over a 12-year period tend to show the benefits of giving money directly to people in sub-Saharan Africa. The idea is simple: trust people instead of the government to maximize the impact of financial assistance. This is a path to consider, especially for NGOs who would like to help the populations but are reluctant to do so for fear of seeing funds diverted by the Congolese government.

Ultimately, the State should conduct a real strategic reflection on these dynamics with a view to providing direct financial aid to the populations whenever the need arises.

–      By adjusting the country’s budgetary, monetary, and fiscal policy

 If the public policies described above or other measures are to be implemented, the Congolese government will have to solidify its capacity to increase its revenues and mobilize funds.

The first step to do this would be to obtain debt cancellation due to multilateral institutions and bilateral partners. In this sense, the call made on March 30, 2020 at the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD) to cancel $236 billion in African debt is good news. This would allow the Congolese treasury to free up nearly $200 million per year currently allocated to debt service, according to World Bank figures.

Secondly, the government should speed up the mobilization of emergency funds from donors and be transparent in their use. Indeed, in addition to the $47 million in aid already allocated by the World Bank, the International Monetary Fund is preparing to release assistance of $365 million as a “fast credit facility”. The institution insists that its support “would include commitments by the authorities to make correct and transparent use of the funds.” It is worth noting that if the IMF predicted a 2020 deficit of around $300 million on revenues of $5.45 billion, it is now counting on an additional deficit of $400 million because of the pandemic. This deficit is aggravated by the steep drop in commodity prices. On this subject, the Minister of Mines recently mentioned a looming economic “catastrophe” by pointing to the 15% drop in cobalt exports in the first quarter of 2019. Direct consequence of an ultra-dependence on China, which represents 40% of Congolese exports. These are structural issues that should be addressed over time, not just as part of the response to the coronavirus.

With regard to monetary policy, we salute the eleven measures taken by the Central Bank to “mitigate the impact of the health crisis on economic activity and to guarantee the continuity of financial services.” However, we encourage it to make an effort to further reduce the policy interest rate which currently stands at 7.5%. A significant drop in the latter should be accompanied by directives to banks to simplify access and lower the cost of credit, which would give a breath of fresh air to borrowers.

It would also be an opportunity to launch a vast asset recovery program by asking citizens suspected of embezzlement to replenish state coffers in exchange for amnesty. Angola has already recovered 5 billion dollars after launching a similar operation. The astronomical amounts diverted during the two previous terms suggest that the DRC could do much better than its neighbor in this area. These are sums potentially greater than the aid or other credits granted by donors.

Finally, it should be noted that the huge operating expense of the state (17.2% of spending) has still not been cut. If we add to that the millions which could be recovered as part of the vast judicial snare underway around the 100-day program, the DRC would have sufficient resources in the short term to contain the economic shock caused by the coronavirus.

 Final note

At the dawn of its 60th anniversary of independence, the DRC should take the opportunity offered by the COVID-19 pandemic to conduct a thorough self-examination; a real medical check-up of the DRC patient. Because, trapped between the bankruptcy of the state and an unprecedented health crisis, the Congolese people bitterly note that behind the puerile claims of sovereignty hides in reality a frail and sick state.

To contain the economic shock is therefore above all to heal the Republic and make it truly sovereign. To do this, basic public services such as water and electricity must be accessible continuously and to as many people as possible. Beyond all economic considerations it is a simple matter of dignity.

In addition, pupils and students, commonly labeled as “our future” in politicians’ grand speeches must be supervised during the crisis. We should not compromise with the transmission of knowledge, whatever the cost.

Then, the country must without further delay get out of the contradiction of having the most fertile land in Africa whilst importing food at high prices.

Finally, we must break once and for all with this paradigm inherited from the colonial era which constantly pushes us to turn outward to solve our problems, whether financial, health, or technological.

The time has come for us to shake up the world order, and to extricate ourselves from this mental oppression that we impose on ourselves and that no longer has to be in the 21st century.

60 years after the “birth” of the Congolese state, it is time to honor Lumumba by writing “our own history”. There is no fatality.

Similar to a newborn baby who develops antibodies after his first illness, the Democratic Republic of the Congo can develop its own resilience and protect itself from future shocks, while containing the impact of the current one.

Provided, of course, it accepts the diagnosis and starts the cure.

Milain Fayulu 

 

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